Histoire du Monastère
1562 : Sainte Thérèse de Jésus fonde à Avila en Espagne le premier Carmel réformé suivi de 16 autres.
1604 : Pierre de Bérulle, prêtre français, futur cardinal, va en Espagne chercher 6 carmélites thérésiennes qui puissent fonder à Paris le premier monastère d’un ordre réputé si fervent. Parmi elles, Mère Isabelle des Anges venue du Carmel de Salamanque. Celle-ci participe à la fondation de Paris 1604 puis Dijon 1605, avant de partir fonder elle-même : Amiens 1606, Rouen 1609, Bordeaux 1610, Toulouse 1616, Limoges 1618.
1616 : De Bordeaux, Mère Isabelle des Anges, accompagnée de 5 religieuses, est envoyée à « Tholose cette grande ville » pour transformer en Carmel le monastère du Tiers-Ordre de st François dit des « Tiercerettes » déjà établi en 1609 à la demande de pieux laïcs toulousains.
Toute fondation de monastère suppose le concours de quatre entités :
- Le/la religieux/se qui porte le projet et l’assume, ici Mère Isabelle des Anges.
- Les laïcs qui aident et assurent une grande partie des besoins matériels, ici M. de Rességuier et d’autres amis toulousains.
- L’Eglise qui authentifie et approuve car tout monastère étant une cellule ecclésiale, seule l’Eglise peut donner validité à sa vie sacramentelle, ici Mgr de Gospéan, évêque administrateur de Toulouse.
- L’autorité civile qui accepte et accueille, pour légitimer tous les actes inhérents à sa vie sociale, ici le roi Louis XIII- et la régente Marie de Médicis, nommée- qui délivrent une patente, puis le parlement de Toulouse qui enregistre.
La fondatrice : Mère Isabelle des Anges
Cette carmélite a fondé 5 des 8 premiers Carmels français. Elle sut transmettre le charisme thérésien aux françaises. Des 6 carmélites venues en France, elle seule y restera car disait-elle : « Notre Seigneur et la Sainte Vierge m’ont donné la France en partage. » Bien que n’ayant jamais pu parler même qu’un mauvais français, « Isabelle la paisible » avait une « douceur qui s’accommodait au caractère des françaises ». Ayant un caractère aussi bon que courageux, « la vaillante Espagnole » était admirée. « Allons ouïr chanter la bonne mère espagnole » disait-on à Limoges. Après avoir fondé le Carmel de Limoges en 1618, elle y restera jusqu’à sa mort le 14 octobre 1644.
1617 : Mère Isabelle achète un terrain près des Corps Saints (St Sernin) pour y construire un monastère malgré l’opposition des chanoines qui imposent aux carmélites diverses redevances et des restrictions de culte public (pour compenser d’éventuelles pertes d’aumônes).
Dans ce premier monastère les carmélites vivront de 1625 à 1791. Elles embelliront peu à peu la chapelle avec le concours de peintres toulousains de renom. C’est l’actuelle « chapelle des carmélites ».
1791 : Révolution. Malgré la loi du 13 février 1790 supprimant les congrégations religieuses, malgré les pressions, les carmélites ne quittent pas leur monastère. Les agents républicains espérant trouver une prieure plus accommodante, exigent que les carmélites refassent les élections en leur présence. Le résultat obtenu est le même. Après avoir dressé le procès-verbal et apposé les sceaux sur le registre, ils se retirent en commentant : « C’est étonnant… Toutes ces filles s’entendent… »
Finalement, les carmélites seront expulsées et le monastère confisqué. Cachées par groupes dans des maisons amies, c’est la prieure qui assure le lien. Elles se retrouvent en cachette pour participer à la messe célébrée de nuit.
1820 : Les sœurs obtiennent de la municipalité l’autorisation de se regrouper en communauté. N’ayant pu récupérer leur monastère faute de moyens financiers, elles s’installent dans des maisons louées, toujours dans le quartier de St Sernin.
1856 : Les sœurs décident du transfert dans un autre quartier, encore banlieue, le quartier St Michel.
1905 : Pour prévenir d’une éventuelle expulsion, elles s’exilent en Espagne où elles fondent le Carmel de Betoño, près de Vitoria.
1920 : Les françaises survivantes optent pour un retour à Toulouse, aidées en cela par le premier monastère de Paris en la personne de Mère Marie Pia. De retour à Toulouse, elles ne peuvent pas récupérer leur bâtiment et après bien des vicissitudes font bâtir avenue Crampel.
1962 : Le monastère de l’avenue Crampel entouré d’immeubles, ne favorise plus le climat de silence et de recueillement nécessaire aux carmélites. Après des recherches les sœurs choisissent d’acheter le domaine de Lacombe à Muret et de le transformer en monastère.
Cinquante ans à Muret ! Récit et anecdotes du transfert depuis Toulouse
1963 – 2013
Cinquante ans à Muret
1961 – Carmel de Toulouse – une communauté en pleine vitalité[1] : 21 sœurs parmi lesquelles deux jeunes professes temporaires, Sr Chantal de la Mère de Dieu, et Sr Marie de l’Immaculée ; la prieure, mère Marie Geneviève du St Esprit, a 43 ans et remplit cet office depuis un an.
Une jeune fille fréquente assidûment le monastère, bien décidée à devenir carmélite.
Il y a aussi des anciennes :
– Mère Marie-Pia de la Trinité(75 ans)[2] et Mère Agnès de Jésus-Maria (85 ans)[3] , figures marquantes de notre carmel.
Muret – Toulouse… Carmel de Muret ? carmel de Toulouse ? carmel de « Toulouse à Muret ». L’histoire de notre carmel est longue, mouvementée et… passionnante !
Nous sommes en 1961, le monastère est situé avenue Crampel, et cela, depuis seulement trente ans. Après leur retour d’exil, les carmélites avaient vécu 11 années rue Saint Michel, (dans une grande pauvreté), locataires provisoires des Sœurs de Saint Joseph, le temps d’acquérir l’emplacement et de faire construire.
En partant, elles avaient en effet confié leur carmel à une personne qui l’avait transformé en pensionnat et refusé de le rendre !
En 1931 l’avenue Crampel où elles arrivaient, c’était encore la campagne, et même un lieu de cultures maraîchères et de pépinières ; mais l’urbanisation , cela peut aller vite et voici que d’immenses buildings commencèrent à s’élever tout près du monastère : d’ailleurs…en cette année 1961, la jeune « aspirante » réussit à monter en haut d’un immeuble en construction pour bien voir le jardin, ce qui ne lui était pas possible au parloir !!!
La clôture, élément très important pour notre vie de prière et de silence, était donc gravement compromise , l’environnement devenu très bruyant ; les enfants du voisinage, escaladaient le mur et sautaient dans le jardin, y poursuivant leurs jeux, cueillant les cerises etc. au grand dam des sœurs anciennes qui s’exclamaient : « Ils sont excommuniés ! »[7]:on comprit combien devenait indispensable la recherche d’un autre cadre, solitaire, calme, paisible…
Dès le mois d’Avril, Monseigneur Garrone[8], notre archevêque et le père Bernard de St Joseph ocd, assistant de la Fédération, nous conseillent le transfert.
De nombreux sites furent visités en Mai aux alentours de Toulouse : plus de quinze propriétés ! celle qui était montée dans le bâtiment en construction faisait bénéficier les « mères visiteuses » de sa petite 4 cv .
Et voilà qu’un beau jour , Madame Séverat, rencontrant dans un magasin Sr Thérèse de l’Enfant Jésus (qui était sœur tourière), lui indique une propriété à vendre, à une vingtaine de km au Sud de Toulouse, le « château» de Lacombe ; mère Marie-Geneviève accompagnée de mère Marie du Rosaire va prendre connaissance du lieu ; c’est le 18 Juin.
Concours providentiel de circonstances : ce même mois de Juin, ayant appris fortuitement que les Sœurs Blanches d’Alger « missionnaires de Notre Dame d’Afrique », étaient à la recherche d’un lieu de résidence en France . Mère Marie-Geneviève leur avait aussitôt adressé une lettre, et proposé le monastère.
Prudence ? inspiration ? sur l’enveloppe elle avait apposé la mention: «urgent ».
Les sœurs chargées de la recherche étaient déjà sur le bateau quand on leur porta la lettre ; trois jours après, on les voyait arriver avenue Crampel pour visiter. Le monastère leur plut beaucoup : dans la quinzaine qui suivit, elles nous faisaient savoir que le Conseil de leur Congrégation optait pour l’achat ; pressées de régler l’affaire et de s’y installer elles demandaient que la place soit libre en septembre 1962 !
Le produit de la vente permettra d’acheter le nouveau domaine. Cela va donc aller très vite.
Mais il y a du travail : il s’agit de transformer en monastère ce qui avait été une gentilhommière, mais était devenu une ferme et surtout se trouvait, par manque d’entretien, dans un état de grand délabrement : c’est là que mère Marie-Geneviève va révéler ses dons.
Les sœurs se souviennent que, du haut de la tour, d’où le regard peut contempler la propriété, la mère exposa comment il sera facile de réaliser cette transformation : elle voit déjà le cloître – il est vrai que les anciennes écuries offrent un bel ensemble d’harmonieuses arcades – Elle repère aussi l’emplacement de la future chapelle, vis à vis de la tour etc.
Le domaine est vaste, un peu plus de 22 ha, il y a un élevage de vaches, (six laitières et deux vêles), et il faut tout acquérir, vaches comprises, et continuer l’exploitation agricole… mère Marie du Rosaire s’offre: « Occupez-vous de la construction, dit-elle à mère Marie-geneviève, moi je me charge de la ferme ! »
Donc , achetons, et construisons le monastère !
L’acte d’achat est signé le 5 Octobre, en présence de Maître Raymond Espagno et Maître Argence, notaires à Muret, mais dès le mois d’Août le projet du transfert est connu aux alentours : Dans un petit encart de « La Croix de Hte Garonne », daté du 20 Août, on peut lire ceci: «Leur couvent de Toulouse, avenue Crampel, ne jouissant plus du silence requis, du fait de buildings proches, les Carmélites vont s’installer à Muret, dans un petit château, qui va recevoir une chapelle, des cellules, un cloître. Là, les saintes femmes pourront poursuivre leur vie de prière, de contemplation et de pénitence…»
L’architecte, M .Montier, qui nous avait été présenté par un responsable du diocèse, accepte de se charger de l’affaire.
Les semaines qui vont suivre seront marquées par l’étude du projet, l’élaboration de plans, des propositions de devis etc. , un labeur intense pour mère prieure en particulier : le soir, tard, lorsque la communauté est tranquillement endormie, elle veille, étudie tout, prépare ses interventions, corrections, questions pour le lendemain…
La première réunion de chantier avec l’architecte, l’entreprise[9], les corps de métiers a lieu le 28 Novembre .
A la même date, commençait la démolition d’une partie des écuries ; ces dernières comprenaient huit arcades, cinq seront gardées ; les briques des parties démolies seront soigneusement récupérées afin de terminer le cloître et le fermer.
On avait pris soin, préalablement de construire une étable un peu plus loin pour les vaches.
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Entre temps, il y a eu deux entrées de postulantes :
Le 15 Octobre, Yvonne, qui sera sœur tourière et reçoit le nom de Sr Marie-Joseph.
Le 11 Novembre, notre aspirante, Madeleine, (désormais, Sr Thérèse de St Joseph) déjà bien connue avec sa 4cv ; la petite voiture entre avec elle et va encore rendre des services, car c’est une nouvelle aventure qui commence[10] !
En effet pendant toute cette période, Mère Marie Geneviève, devra souvent se rendre à Lacombe, pour visiter le chantier ; elle était accompagnée de Mère Marie du Rosaire et de la postulante qui faisait le chauffeur…mais, attention à ne pas oublier de prendre de l’essence, sinon la voiture n’avancera plus! comme ce fameux soir : au retour d’une journée de travail, arrêt ! panne ! on aborde un monsieur qui passait, pour lui demander de l’aide ; il questionne : « Y a-t-il de l’essence dans le réservoir ? » on regarde…on n’y avait pas pensé… effectivement il était vide ! heureusement il y avait un bidon de secours, et la distance n’était pas trop grande !!!
On se rappelle aussi cet autre jour où (c’était l’hiver), il avait gelé fort et il avait fallu se munir de bouillottes pour dégeler le radiateur de la voiture !
Avant même le commencement des travaux, mère prieure était venue , accompagnée d’une sœur, se présenter au curé de Muret et lui annoncer qu’il aurait bientôt de nouvelles paroissiennes ! Monsieur l’abbé Deynis, très heureux de cette visite inattendue, leur parla du passage de Saint Dominique à Muret et les conduisit à la chapelle dédiée au Saint, construite près de l’endroit où il s’était arrêté pour prier.
Il leur proposa ensuite de les emmener à la crypte pour voir les reliques mais les mères étaient pressées et durent décliner l’offre…avec regret !
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Quand on regarde des photographies de l’époque, on voit une belle maison : l’ensemble est une construction datant du XVIIème, en briques, -mais les bâtiments d’origine sont plus anciens-, et la tour crénelée, plus récente.
Elle avait appartenu à Pierre- Antoine, Marquis de Lespinasse, qui l’avait hérité de sa mère. Né en 1731, il était membre du parlement de Toulouse, et fut guillotiné en 1794, lui et son fils Guillaume[11], pour avoir signé une protestation officielle de membres de ce parlement contre la décision de sa suppression par l’Assemblée Générale Constituante : cette protestation était également adressée contre les atteintes portées à la religion et l’Eglise…des martyrs nous ont précédées !!!
La croix que l’on voit à l’entrée de l’allée qui conduit au monastère, indique l’emplacement de l’église St Jean Baptiste, que le maître des lieux avait réussi à ériger en paroisse, mais qui fut détruite en 1791.
En 1859, le domaine fut vendu par Catherine de Lespinasse, dernière héritière.
Jusqu’à l’acquisition par le carmel, plusieurs propriétaires s’y étaient succédés, et les derniers l’avaient transformé en ferme.
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Les ouvriers ne sont pas les seuls à l’ouvrage : Toutes les sœurs vaillantes, et les jeunes, particulièrement, prêtent leur concours aux travaux dans un joyeux enthousiasme: il s’agit par exemple de taper sur les murs avec des martelettes, pour faire tomber le crépi et apparaître les briques ; il fallait aussi abattre diverses cloisons .
Un autre « gros œuvre » de nos sœurs, mémorable: débarrasser l’étage des greniers d’une épaisse couche de terre qui servait d’isolation pour les pièces situées au-dessous : on jetait par la fenêtre, on jetait ! on jetait ! et il y en avait tellement que le tas formé atteignait le niveau du premier étage.
C’est lors de ce travail que le plancher céda et Sr Chantal se trouva prise au piège : heureusement, une poutre un peu moins vermoulue la retint, et lui évita de se retrouver à l’étage au-dessous !
Joseph, l’ouvrier qui tenait la ferme, eut moins de chance : alors qu’il travaillait à un autre endroit de la maison, le plancher céda aussi, et le voilà qui atterrit sur la table où Clara, sa femme, préparait le repas : « Qu’est-ce que tu fais là ? » – « Eh ! Je descends ! »
Il fallait aussi établir un système de drainage, car il y avait des accumulations d’eau près de la maison : de grandes flaques avec des têtards, que nos ouvrières pêchaient et rapportaient fièrement le soir à leurs sœurs de Toulouse !! Dans la prairie située devant la maison, les anciens propriétaires avaient installé un manège pour les chevaux : on en prit donc les pierres et le drainage put être réalisé, avec un beau caniveau.
Dans cette entreprise, mère Marie Geneviève manifesta ses qualités exceptionnelles de « maître d’œuvre » : Admirée par l’architecte, écoutée avec considération par l’entrepreneur, ses interventions perspicaces et sa présence d’esprit sauvèrent la situation dans les moments de litige. Les contremaîtres et les ouvriers l’aimaient et la respectaient; pour eux, elle était « Notre Mère » .
Exigeante sur la qualité, elle faisait reprendre ce qui n’était pas conforme au plan prévu, mais avec tant de charme, un tel ascendant, que personne n’y résistait !
Une fois, elle fit remarquer à un ouvrier une petite malfaçon dans la pose d’un volet . Celui-ci, un peu étonné, car il était consciencieux, répond pourtant : « Si Notre Mère le dit, cela doit être vrai »; rendu sur les lieux et constatant le fait il s’exclama : « Je savais bien qu’elle a toujours raison ! »
Une sœur qui faisait de l’épluchage, cachée par un escalier, surprit un jour cet échange d’impressions: « N’est-ce pas qu’elle est sympa, la mère ?» C’était M.Cipola, menuisier, il ne savait pas qu’on l’entendait !
Les journées étaient bien remplies ; les sœurs partaient le matin, après l’oraison et la messe, et rentraient le soir, fatiguées, couvertes de la poussière rose des murs, sales et contentes, prêtes pour le lendemain ! Le repas de midi était pris sur place : une grande porte, posée sur deux barriques, servait de table; pour faire la cuisine on allumait le feu dans la cheminée (ou dehors) ; il y avait le bon lait frais des vaches, qui parfois prenait un petit goût de fumée ! Et si la soirée était trop avancée, on s’offrait un « souper aux chandelles ».
Et la chienne , Tany, il ne faut pas l’oublier : elle faisait partie de l’équipe, on la prenait dans la voiture au départ de Toulouse ; sur le chantier, elle allait aimablement de l’un à l’autre ; et même, lorsque M.Cescon, peintre, arrivait, elle venait à sa rencontre, et puis, marchait devant et lui ouvrait les portes[12] avec ses pattes !
Quand c’était l’heure du repas, elle était là, et tandis que les sœurs disaient les prières, alignées en deux rangs face à face selon la coutume monastique, elle se couchait sagement au milieu, mais s’il arrivait qu’une petite mouche la frôle de trop près, elle sursautait, la happait !… puis reprenait son attente placide tandis que les sœurs tâchaient de réprimer leurs rires pour ne pas troubler la prière…
Les rires ! les fous-rires mêmes, font partie des souvenirs mémorables de cette épopée…Et le moment des repas en est souvent l’occasion, comme par exemple, lorsque Sr Marie Joseph, avant de se mettre à table, déposait son tablier sur le buffet de service, à côté, et voilà : une petite poule avait repéré cette habitude de la sœur ; elle venait, s’installait discrètement sur le confortable tablier ; au bout de quelques minutes, les sœurs entendaient « cot ! cot ! », c’était l’œuf ! Les sœurs la connaissaient, elles savaient qu’elle allait arriver !
Il y avait aussi de l’aide : les « petites cousines » de mère Marie Pia : elles étaient Américaines, âgées de 70 ans environ, charmantes ; et Arthur, le grand neveu, lui aussi, Américain ; il a bien réparé la brosse avec laquelle Sr Marie de l’Immaculée nettoyait le parquet d’une salle, et qui s’était cassée . (Elle frottait énergiquement !!)
Cette aimable compagnie donnait à l’entreprise une agréable note « cosmopolite » !
Et les « sœurs de Massac »[13] !Elles vinrent, le noviciat au complet avec la mère Maîtresse, une vingtaine de jeunes sœurs, passer une journée entière travaillant avec ardeur ; parmi elles, une des sœurs de Sr Marie de l’Immaculée .
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Les travaux allaient bon train :
Le 9 mars 1962, Mgr Garrone vint poser la première pierre : une petite cérémonie très simple ; M. l’abbé Deynis, archiprêtre était présent . M. Douzans, député-maire de Muret souhaita la bienvenue à son Excellence. « Il le fit, lit-on dans le journal, non en tant que magistrat de la cité, mais en tant que simple fidèle, disant sa satisfaction de voir ce foyer de prière s’installer sur le territoire de la commune . » Il y avait aussi Maître Pierre Espagno, président des A.P.E.L. et de nombreux Muretains, courageux car le temps était peu clément !
On voit toujours cette pierre, scellée dans le mur du cloître , la date clairement inscrite dessus, témoin silencieux et fidèle.
Notre évêque, malgré ses multiples obligations –c’était l’époque où allait commencer le concile[14] – nous était très proche : il nous a toujours assistées, conseillées, accompagnées : parfois nous le voyions arriver sur le chantier, sans prévenir ! Il nous appelait « son carmel de plein-vent.»
On raconte qu’il avait un jour manifesté son inquiétude devant les étendues de ciment, car il fallait aussi construire des parties neuves : « Le moderne, ça n’a pas d’âme ! » s’écria-t-il – « Excellence, nous en mettrons une ! » répondit immédiatement mère Marie Geneviève.
Plus tard, quand il résidait à Rome, il ne nous oubliait pas et prenait de nos nouvelles, que Mgr Martimort, notre grand ami était heureux de lui donner.
Outre la maison elle-même, à transformer en monastère, l’installation de la ferme, incluse dans le contrat d’acquisition, était une nécessité concomitante.
Là encore, la Providence se mit de la partie, car dans le hameau voisin, avait grandi un jeune homme, Yves Cesteré : il avait 28 ans, était doté d’un C.A.P d’agriculteur, et vint de lui-même proposer ses services. Une heureuse collaboration et profonde amitié allaient commencer : une petite maison fut construite pour lui ; on installa une stabulation libre, pour la traite des vaches ; jusqu’alors, ces braves bêtes agrémentaient les sœurs et les ouvriers de leur proximité, venant brouter l’herbe verte, juste devant la maison.
L’acquisition du domaine comprenait également du matériel agricole : l’exploitation pouvait fonctionner !
Yves devait bientôt se marier avec Marie-Thérèse[15], et des liens tout familiaux s’établirent progressivement avec le carmel.
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Tandis que les travaux avançaient, les jeunes en formation progressaient aussi :
Le 13 Mai 1962, Sr Thérèse de St Joseph recevait « l’habit de la Vierge ».
Mère prieure continuait ses instructions aux novices . Le programme de cette période était la Montée du Carmel de St Jean de la Croix : cela leur paraissait bien austère , surtout que la mère insistait : « Il faut trancher dans le vif !!! » affirmait-elle…
L’une d’elles avoue quand même : «Mon cheminement spirituel durant cette période reste un peu obscur !!! »Il faut reconnaître que ce parcours de noviciat se déroulait dans des conditions inhabituelles !…
Il y avait aussi des « espérances » qui se présentaient comme cette jeune fille de 16 ans, Marie-Claude : elle pensait déjà sérieusement au Carmel, et devait entrer quelques années plus tard ; une autre, d’un âge plus mûr, Louise entrera en 1964.[16]
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N’oublions pas que les Sœurs Blanches comptaient s’installer à la mi-Septembre : les équipes de travail s’activaient de part et d’autre : à Lacombe, pour que ce soit à peu près habitable, au milieu de la poussière et des allées et venues des maçons, menuisiers, contremaîtres etc …avenue Crampel, pour vider les pièces, remplir des cartons ou des sacs : chaque sœur avait à sa disposition un grand sac en toile qui devait contenir tout ce qui se trouvait dans sa cellule . Sac de SrX – Sac de SrY …chacune s’y reconnaît !
Ce qui paraissait inutile, on s’en débarrassait !!! On jetait par les fenêtres, on faisait des feux…
Et c’est l’étape des déménagements -emménagements ; des camions se succèdent, apportant les colis bien étiquetés dont les transporteurs proclament bien fort l’intitulé, pour que les sœurs réceptionneuses les orientent vers leur destination appropriée : lingerie, roberie, cuisine, etc. Certaines abréviations parfois avaient des allures d’énigmes :
Par exemple, une des étiquettes portait l’inscription : On entend les camionneurs : « BDRH» !!! Qu’est-ce que c’est ? « BDRH» ? Bouches du Rhône ? (Non ! Il faut être initié pour le savoir – secret d’infirmerie !)[17]
Là aussi, nous avions de jeunes bénévoles, un frère, un beau-frère, heureux autant de rendre service, que de participer à une aventure inédite, et de pénétrer dans des lieux dont ils savaient qu’ils leur seraient plus tard fermés !!
Alors, et ce n’est pas un petit labeur, il faut débarrasser les colis au fur et à mesure, pour donner place à l’arrivage suivant : ils chargeaient à Toulouse la veille au soir, et le matin, c’était le déchargement : si la place n’est pas dégagée, eh bien ! on entasse !
Mère Marie Geneviève veillait avec attention sur son équipe : « Allez ! mes sœurs, maintenant, repos ! Bon ! vous vous allongez, le temps d’une dizaine de chapelet… » obéissantes, elles s’exécutaient. Pour certaines la dizaine, était peut-être dite rapidement, mais d’autres, plongeaient immédiatement dans un sommeil réparateur très bienvenu !
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Le mois de Septembre est là : les Sœurs Blanches arrivent pour emménager avenue Crampel. Il faut laisser la place : Le 7 au soir, un premier groupe quitte Toulouse: le monastère est loin d’être terminé ; il n’y a encore ni portes ni fenêtres, pas de meubles ; on s’installe comme on peut. Mais au moins, les poules ne font plus leurs allées et venues dans la maison comme auparavant, gravissant l’escalier de pierre « d’époque! » et se perchant sur le palier…
Dans la pièce qui sera plus tard le Chapitre, une belle salle de l’ancien château, (la seule qui était restée à peu près en bon état !), ce soir même, la petite « moitié » de communauté chante solennellement le Salve Regina, en manteaux blancs, (c’est la veille de la fête de la Nativité de Marie).
C’est là aussi que le lendemain la première messe est célébrée : La Chapelle, n’est encore en effet pour l’instant qu’une large plate-forme de ciment !
Le père Paul Audren M.E.P. commence alors ses fonctions : il sera notre père aumônier pendant plusieurs années[18]. Sr Hélène est sacristine, et…attention ! le père est méticuleux et il faut que le conopée soit vraiment AU MILIEU !!! Elle y apportait tout son soin, mais chaque fois, il remettait en place ! Patience, ma sœur ! Un jour elle lui déclara : «J’ai mesuré au centimètre !! » Ce jour-là, ce fut bon !
Le reste de la communauté va les rejoindre par petits groupes successifs.
Pendant cette étape intermédiaire, à l’avenue Crampel sera vécue une heureuse cohabitation de deux communautés : les Sœurs Blanches qui arrivent, (les jeunes étudiantes les premières, car c’est le temps de la rentrée) et les carmélites, qui ne sont pas encore toutes parties.
Les sœurs plus âgées seront les dernières à partir : car on préfère leur éviter un «campement »trop précaire ; et la sœur sous-prieure, Sr Marie-Xavier, finira par être la seule à pouvoir descendre les escaliers pour les processions traditionnelles du réfectoire : cela ne la trouble pas : elle processionne seule, récitant fidèlement les psaumes de règle !!!
Le Samedi 6 Octobre, ultime voyage: Le Salve Regina est alors chanté par la communauté au complet.
Les sœurs âgées et les malades sont installées le mieux qu’il est possible : mère Agnès, mère Marie-Pia, souvent souffrante( en Janvier, elle recevra le Sacrement des malades, et se remettra un peu) ; Sr Anne-Marie, qui a un bras dans le plâtre à la suite d’une fracture, accident de déménagement. Sr Chantal lui prodigue une aide bien nécessaire.
Les autres campent courageusement et les anecdotes ne manquent pas comme celle du violent orage qui éclata brusquement en pleine nuit, secouant le petit groupe dormant au grenier, où les ouvertures des fenêtres non encore fixées étaient colmatées par des matelas. Une sœur qui avait très peur, met sa couverture sur ses épaules et descend, dans le noir total…vers des lieux qu’elle espère moins exposés, mais il fait noir, où va-t-elle aboutir ?
Quelques mois vont encore se passer, pendant lesquels une intense activité se poursuit, mais aussi la vie de prière, et… autant de silence qu’on peut !
On relèvera ici, que pendant toute cette période, l’Office choral n’a jamais cessé d’être célébré, quelles que soient les conditions de l’environnement. La Louange de Dieu jamais ne se tait !
Les 13 et 14 Novembre : les sœurs et peut-être aussi le voisinage au loin, ont la joie d’entendre les premières sonneries des cloches.
Le 21 du même mois, la deuxième postulante, Sr Marie-Joseph, reçoit l’habit et devient novice: elle exercera l’office de « tourière », mais…quand il y aura la clôture, car pour le moment tout est d’accès libre !
Maintenant, l’hiver approche, courage ! l’activité réchauffe, et ne manque pas : pour les sœurs, il s’agit de ranger, nettoyer, meubler, aménager offices et autres lieux communautaires, cellules, etc. tandis que les ouvriers poursuivent les travaux …les carreleurs en particulier ont fort à faire avec les grands couloirs à terminer.
C’est alors que Mgr Garrone nous offre la surprise d’une visite: c’était le 1er Janvier, il faisait froid, mais beau : il y avait de la neige, de la glace, les sœurs étaient parties s’égayer dans la nature: elles regardent vers la maison, s’interrogent : qu’est-ce que cette voiture, garée, devant ? : c’était Monseigneur ; heureusement, la fidèle Tany, l’avait bien accueilli, et conduit à l’infirmerie, jusque dans la chambre de Mère Marie Pia!
La communauté se retrouva bientôt réunie autour de Monseigneur, qui s’exclama avec plaisir : «Je me fais l’effet d’être François de Sales au milieu de ses filles ! »
L’aménagement final de la Chapelle était réalisé vers Février – Mars 1963 : la première messe put y être célébrée le 5 Avril, et le lendemain, la communauté récitait l’Office divin au Chœur.
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Le mois de Mai arrive: Sr Thérèse de St Joseph s’apprête à prononcer ses premiers vœux : elle fera sa retraite au sommet de la tour, (peut-être le seul endroit calme de la maison !)
Vue magnifique ! la chaîne des Pyrénées dans sa splendeur, les jours où l’horizon est net. Mais, le danger n’est pas absent, comme elle en fera l’expérience, quand le cadre de la fenêtre (non encore restaurée) se descella et lui tomba sur les épaules!!!
La sainte Règle du Carmel nous dit expressément : « Vous devez vous livrer à quelque travail, afin que le diable vous trouve toujours occupés, de peur que votre oisiveté ne lui donne quelque entrée dans vos âmes. »
Un bon travail de retraite fut donc aménagé pour Sr Thérèse dans une pièce au rez-de-chaussée: les portes à passer entièrement à l’huile de lin : dessus et dessous ! Chaque jour dans le silence et la discrétion, s’opéraient les échanges : travail à faire – travail fait ; on ne raconte pas comment faisaient les sœurs pour manier les portes bien badigeonnées et…certainement pas sèches !!!
16 Mai : heureux jour de la profession[19] : Déjà on met en application les nouvelles dispositions du Concile : la cérémonie se déroule au Chœur, au cours de la Messe. (Jusqu’alors en effet, elle avait lieu au Chapitre.)
Même s’il reste encore beaucoup à faire pour « parfaire », le travail avance.
Le 21 Mai, est érigée la grande Croix du préau, et c’est le 26 qu’aura lieu l’inauguration officielle, sous la présidence de notre archevêque.
Elle est annoncée dans le journal La Croix de la Haute-Garonne, il y est même notifié qu’un service de cars serait organisé au départ de Toulouse pour les personnes qui n’auraient pas de moyen de locomotion. Départ, place du Capitole à 13 h 15, arrivée au Carmel, 14 h pour permettre la « visite des lieux ». Cérémonie prévue à 15h.
La foule se pressa : effectivement c’était une occasion à ne pas manquer ! Alors… l’invasion ! des personnes entraient dans les cellules, soulevaient les couvertures pour les compter, regardaient partout où elles pouvaient, commentaient, se donnaient mutuellement leurs impressions etc…
Une dame questionna une jeune novice : «Est-ce vrai que vous mangez par terre ? » Réponse immédiate: « On n’aurait pas fait un réfectoire !!! Et mis des tables..» Logique !
Monsieur l’abbé Deynis, notre curé, accueillit la maman de mère Marie Geneviève, arrivée en retard : il fendait la foule : « C’est la mère de la prieure, laissez passer !! » Avec son haut-parleur, tout le monde l’entendait !
Faire entrer, c’est facile, faire sortir, plus difficile! et puis il faudra vérifier que personne n’est resté dedans : Après la cérémonie, Yves Cesteré, qui était déjà tout à fait « de la maison » eut à cœur de passer dans toutes les pièces afin de s’en assurer !
Les personnes jettent un dernier regard, très ému vers les sœurs, on entend : «Les pauvres petites ! Qu’elles sont jeunes !!! »
Ce qu’elles ne savent pas, c’est qu’elles font bien sourire les sœurs en question, dont elles ne connaissent pas le bonheur.
Après la bénédiction des bâtiments, Monseigneur devait procéder à la consécration de l’autel de la Chapelle .
A 15 h la procession se forme (dans un désordre inexprimable !), les sœurs en manteaux blancs, le père Joseph Baudry marche en tête, portant la Croix, malgré la chienne qui, ne le connaissant pas lui gronde après ! tous les séminaristes sont présents – ils étaient nombreux ; parmi eux, il y avait un certain Joseph Coltro[20]! –
La procession se déroule dans tout le monastère, dans le cloître et les étages, mais cela durait, durait, personne ne savait pourquoi ; finalement on entend quelqu’un[21] dire tout bas : «Les reliques (indispensable élément pour la consécration de l’autel) ont été oubliées à Toulouse, on est allé les chercher. »
Pendant ce temps, dans la chapelle remplie de monde, M. l’abbé Deynis, faisait chanter sa chorale : on chantait ! on chantait ! le temps passait.
Les voix s’élevaient: « Dieu, nous te louons, Seigneur nous t’acclamons ! »etc. et on recommençait…Enfin les reliques[22] arrivent.
Alors, Monseigneur peut entrer dans la Chapelle, et s’adressant à l’Assemblée il proclame solennellement que la clôture est posée. Entendant cette annonce, Sr Blandine, la Supérieure des Sœurs Blanches se précipite au milieu du Chœur des moniales pour les embrasser une dernière fois !
La Messe est célébrée…le carmel de Muret est là…Cela fait cinquante ans…
La vie continue, et celles qui avaient alors le voile blanc sont devenues d’honorables jubilaires.
L’histoire n’est pas finie, les générations se succèdent ; chaque étape porte sa promesse de printemps.
TOUT PASSE DIEU SEUL DEMEURE[23]
ANNEXE
Communauté du Carmel de Toulouse en 1961.
Prieure : mère Marie-Geneviève du St Esprit- 43 ans-
Sous-prieure : Sr Marie Xavier du Christ-73 ans-
1ère Dépositaire[24] :mère Marie du Rosaire-49 ans-
2ème Dépositaire :mère Marie Pia de la Trinité-75ans-
(La 3ème Dépositaire est la sous-prieure.)
Sœurs Externes
Sr Thérèse de l’Enfant Jésus- 41 ans-
Sr Marie Françoise-59 ans-
Sœurs du Voile Blanc[25]
Sr Marie de la Nativité-65 ans-
Sr Marie de l’Incarnation-64 ans-
Sr Marie de la Miséricorde- 63 ans-
Sr Marie Marthe-56 ans-
Professes solennelles
Mère Agnès de Jésus-Maria-85 ans-
Sr Anne du St Sacrement-83 ans-
Sr Marie du Sacré-Cœur-67 ans
Sr Anne-Marie de Jésus[26]-61 ans-
Sr Louise de Jésus-61 ans-
Sr Marie de St Joseph-51 ans-
Sr Hélène-36 ans-
Sr Marie de Jésus Crucifié-35 ans-
Professes temporaires
Sr Chantal-27 ans-
Sr Marie de l’Immaculée-24 ans-
Postulantes
Madeleine-28 ans-
Yvonne-60 ans-
[1] cf Annexe : Les noms de toutes les sœurs de la communauté.
[2] Entrée à Anderlecht – où se trouvait alors réfugié le carmel de Paris – mère Marie Pia était venue en 1920, aider à la restauration du carmel de Toulouse après ses 15 ans d’exil en Espagne et en avait été l’artisan principal.
[3] Mère Agnès, originaire du carmel de Dijon était jeune professe lors de l’entrée de celle qui deviendra la Bienheureuse Elisabeth de la Trinité elle l’a bien connue et a témoigné pour le procès de béatification. A la demande de sa mère prieure elle était venue à Toulouse pour aider mère Marie Pia à la restauration du carmel.
[4] On remarquera que le commencement de cette « belle aventure » coïncidait avec le jubilé de quatre cents de la fondation du Carmel Thérésien : celles qui étaient alors de toutes jeunes religieuses le sentirent très fortement .
[5] Orthographe de l’époque.
[6] C’est là qu’elle demeura jusqu’à sa mort .
[7] cf les dispositions du concile de Trente concernant la clôture des moniales, au XVIème siècle…
[8]Monseigneur Garrone (1901-1994) – Archevêque de Toulouse depuis 1956, fut nommé en 1966 pro-préfet de la Congrégation pour l’Enseignement Catholique et créé cardinal en 1967. Il mourut à Rome le 15-Janvier 1994 ;
[9] C’est l’entreprise Loupiac qui réalisera tout le gros œuvre.
[10] Celle-ci garde encore très vivant le souvenir de ce jour où elle arpenta en compagnie de la Mère, une grande partie de la propriété, un décamètre à la main : elles voulaient vérifier les dimensions de l’espace. Peut-être n’ont-elles pas tout à fait parcouru les 22ha1/2 !
[11] Guillaume était né en 1761, marié en 1788 il laissait deux tout jeunes enfants.
[12] Les poignées étaient en « becs de canes » : faciles d’atteinte pour des pattes de chiens !!!
[13] Les « Filles de Jésus », congrégation du diocèse d’Albi. Deux sœurs de Sr Marie de l’Immaculée y étaient religieuses, l’une, jeune professe, la seconde , encore novice.
[14] Nous sommes en Mars 1962 et l’ouverture de Vatican II allait être réalisée le 11 Octobre de cette même année.
[15] Marie-Thérèse Birau était Vendéenne : ils s’étaient rencontrés lors de sessions d’agriculture et se marièrent le 11 Juin 1963 .
[16] La première est celle qui est actuellement notre Sr Marie-Claude du Christ ; la deuxième est Sr Marie de la Trinité : entrée à 49 ans après la mort de ses parents dont elle était la fille unique, elle est nous a quittées pour le Ciel le 26 Novembre 2004.
[17] Bouteilles de Rhum (pour grogs en cas de rhumes !!!)
[18] Le père Paul Audren avait été missionnaire en Chine pendant une trentaine d’années, il était même préfet apostolique ; il en fut expulsé par les communistes.
Quelque temps aumônier d’hôpital à Noyon, l’état de son coeur l’obligea à rejoindre la maison de retraite des M.E.P. à Montbeton. C’est de là qu’il viendra fidèlement chaque matin nous célébrer la Messe, du 8 Septembre au 2 Octobre, date à laquelle les locaux de l’aumônerie seront devenus habitables.
De son long séjour en Chine, il avait gardé les habitudes alimentaires (le riz !), et vestimentaires : il portait la soutane de soie forme « mandarin », et jusqu’au type (moustache à la chinoise), si bien que nombre de nos visiteurs le croyaient chinois.
Bien qu’il n’ait été notre aumônier que trois ans ½, – il a été emporté par un infarctus le 20 Février 1966 – il nous a laissé un vivant souvenir.
[19] Cette année 2013, où nous fêtons les 50 années de présence du carmel à Muret, est donc aussi celle du jubilé d’or de notre sœur.
[20] Pour ceux qui ne sont pas de la région : le père Coltro est actuellement curé-doyen du secteur paroissial de Muret.
[21] Le père Cabaussel.
[22] Notre autel porte les reliques de : St Saturnin – St François de Sales – Ste Lucie – Ste Germaine – Ste Thérèse de l’Enfant Jésus. Lorsque la Chapelle sera rénovée afin de répondre aux nouvelles normes établies par Vatican II (cela se fera en 1978), seront ajoutées les reliques des martyrs Tonkinois – un cadeau de Mgr Martimort.
[23] C’est mère Marie Geneviève qui eut l’inspiration de faire inscrire sur la façade de la Chapelle, ces mots : TOUT PASSE, DIEU SEUL DEMEURE : ils ne sont pas une citation exacte du célèbre signet de Ste Thérèse de Jésus , mais plutôt comme un « cri du cœur » que tous ceux qui lisent sont invités à partager.
[24] La 1ère Dépositaire est la sœur chargée de l’Economat ; les autres « dépositaires » seraient aujourd’hui appelées «conseillères ».
[25] Avant le Concile, dans la plupart des monastères et congrégations il y avait les « sœurs converses » ; au Carmel elles gardaient toujours le voile blanc, d’où leur nom : cette catégorie de religieuses avait été instituée au temps où il y avait encore beaucoup de personnes qui, étant analphabètes, ne pouvaient réciter l’Office Divin car il fallait savoir lire le Bréviaire : elles avaient la même vie de prière mais s’occupaient principalement des tâches domestiques : cuisine, jardin, car elles provenaient généralement de la campagne. Le Concile demanda la suppression de cette catégorie qui n’avait plus de raison d’être dans nos civilisations modernes.
[26] Sr Anne-Marie avait un frère qui était Père Blanc, et fut le premier évêque du Bénin : Mgr Durrieu.