Aller au contenu

Mission

Ma vie consacrée est mission et ma mission est ma vie consacrée au Seigneur !
Les deux ne font qu’un ou plutôt sont appelés à ne faire qu’un !

Car, oui, c’est ma mission que de répondre jour après jour à l’appel du Seigneur dans cette forme de vie cachée au Carmel, de Le suivre là où Il veut me conduire que ce soit dans les temps de prière, dans la vie communautaire, dans les divers services et travaux… et de me laisser transformer en Lui, être cette humanité de surcroît en laquelle Il renouvelle tout son mystère !

Par la grâce reçue dans l’appel, je sais que là est la fécondité missionnaire de ma vie : plus je suis unie à Jésus, plus je reçois dans la profondeur du cœur les intentions et les appels du monde d’aujourd’hui et de tous ceux qui annoncent le Christ, plus je suis unie à Jésus, plus ma prière est unie à la sienne et porte du fruit ici et au loin. Il veut avoir besoin de moi pour conduire tous les hommes à son Cœur ! Merveille inouïe, totalement gratuite de son Amour !

Pour vivre cela : une force, une lumière, une joie me sont données par des liens concrets avec des missionnaires ou à travers des témoignages d’une revue missionnaire ou par des contacts avec des prêtres et des chrétiens engagés ici. C’est la nécessaire et vitale communion visible, témoin de l’immense communion invisible de l’Eglise !

Une petite carmélite

Depuis la naissance de la vie de consécration spéciale dans l’Eglise, des hommes et des femmes, appelés par Dieu et amoureux de Lui, ont vécu leur existence totalement orientés vers la recherche de son Visage, désireux de trouver et de contempler Dieu au cœur du monde. La présence de communautés, placées comme la ville sur la montagne et la lampe sur le lampadaire (Mt 5, 14-15), même dans la simplicité de leur vie, représente de façon visible le but vers lequel chemine l’ensemble de la communauté ecclésiale qui « marche sur les routes de ce temps le regard fixé sur la récapitulation future de toutes choses dans le Christ », annonçant déjà ainsi la gloire céleste.

Si pour tous les consacrés, les paroles de Pierre : « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! » (Mt 17, 4) résonnent de façon particulière, les personnes contemplatives qui, en profonde communion avec toutes les autres vocations de la vie chrétienne, sont comme les rayons de l’unique lumière du Christ qui resplendit sur le visage de l’Eglise, en vertu de leur charisme spécifique, consacrent une grande partie de leurs journées à imiter la Mère de Dieu, qui méditait assidûment les paroles et les gestes de son Fils (Lc 2, 19.51), et Marie de Béthanie qui, assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole (Lc 10, 38). Leur vie « cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3, 3) devient ainsi figure de l’amour inconditionnel pour le Seigneur, le premier contemplatif, elle montre la tension christocentrique de toute leur vie jusqu’à pouvoir dire avec l’Apôtre : « pour moi, vivre c’est le Christ ! » (Ph 1, 21) et exprime le caractère totalisant qui constitue le dynamisme profond de la vocation à la vie contemplative.

La plénitude la vocation du Carmel thérésien est le fruit de l’expérience qui éclaira ensuite notre sainte Mère Thérèse sur le mystère des membres qui attendent encore d’être réunis au Corps mystique du Christ. Cette expérience la conduisit à contempler l’immense champ des missions. A la lumière des nouveaux horizons de l’Église, son esprit apostolique s’épanouit pleinement.

Constitutions n°6

Par sa nature même, le charisme thérésien veut que l’oraison, la consécration et toutes les énergies d’une carmélite déchaussée soient orientées vers le salut des âmes.

Constitutions n°10

De l’extérieur on ne le dirait pas, mais le Carmel a un cœur profondément missionnaire. Les carmélites ne partent pas ou rarement au bout du monde mais elles sont missionnaires par le cœur. Cachées dans le cœur de l’Église, elles vivent intensément le mystère de la communion des saints : chacun de nous est secrètement relié aux autres, et la prière est une force qui fait circuler la vie, l’amour entre les membres du Corps du Christ.

Tout ceci est vécu dans la foi, dans une vie quotidienne ordinaire, à l’école des saints du Carmel :

Élie

« Je brûle d’un zèle dévorant pour le Seigneur ! »

Thérèse d’Avila

« Celui qui commence avec le secours de Dieu à marcher résolument vers le sommet de la perfection ne va jamais seul au ciel. Il entraîne toujours une foule à sa suite. »

Jean de la Croix

« Le plus petit mouvement de pur amour est plus utile à l’Église que toutes les œuvres réunies ensembles. »

Thérèse de Lisieux, patronne des missions

« Attirez-moi, nous courrons ! Que je veux, ô mon Dieu porter au loin ton feu. »

Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein)

« Tenons-nous devant Dieu pour tous. »

C’est donc le cœur grand ouvert sur le monde, sensible aux détresses de leurs frères en humanité que les carmélites vivent leurs humbles travaux et les temps de prière, de rencontre qui rythment leurs journées. Avec petite Thérèse elles croient fermement que ramasser une épingle par amour peut sauver une âme, et que leur vie offerte quoique invisible est féconde pour d’autres.

Il me semble que « l’activité apostolique » des carmélites ne peut se comprendre que placée dans le mystère de l’Église, Corps du Christ, irrigué de vie divine, animé par l’Esprit. En effet, la recherche de l’union à Dieu dans l’oraison n’est pas strictement personnelle, au bénéfice de celle qui prie, mais se répercute dans le corps tout entier, de même que le membre bien vivent d’un organisme influe sur la totalité. La vie divine, en particulier la charité, l’Amour de Dieu reçu dans l’oraison se répand dans tous les membres de l’Église.
« Dans le cœur de l’Église ma mère, je serai l’Amour, ainsi je serai tout » s’écriait petite Thérèse.

On peut citer aussi deux textes de saint Jean-Paul II :

« Puisque ce qui devient propriété absolue de Dieu devient un don de Dieu à tous, pour cette raison, leur vie (des moniales) constitue vraiment un don qui se situe au centre de la communion ecclésiale et qui accompagne la mission apostolique de ceux qui peinent pour annoncer l’Évangile. » Verbi sponsa

Normalement, l’union à Dieu conduit à une conformité au Christ de plus en plus grande, comme disait sainte Élisabeth de la Trinité, jusqu’à lui être une « humanité de surcroît ».

« La mission, avant de se caractériser par les œuvres extérieures, consiste à rendre présent au nom du Christ lui-même, par le témoignage personnel. Voilà le défi, voilà le but premier de le vie consacrée. Plus on se laisse configurer au Christ, plus on le rend présent et agissant dans le monde pour le salut des hommes. » Vita consecrata n°72

La configuration au Christ se fait également par l’offrande des petites peines, difficultés, souffrances de chaque jour, en union à la Passion : « J’achève dans mon corps ce qui manque à la Passion du Christ pour son corps qui est l’Église. » St Paul.
La prière d’intercession a aussi largement sa place : « Se tenir devant Dieu pour tous » Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix.

Sainte Thérèse d’Avila, très douée pour l’amitié, pensait que Dieu ne refusait rien à ses amis ce qui est très engageant, car dans le concret, on doit vivre en amie de Dieu, préoccupée de Le contenter. « Travaillez à être telles, mes filles, que le Seigneur ne puisse rien vous refuser. »

Enfin, (mais ceci est une idée tout à fait personnelle), il me semble que le fait de donner de soi, de sa vie, est très féminin et rejoint l’être maternel de la femme. Une femme qui porte en elle un bébé le nourrit de sa propre substance. Par analogie, l’offrande sans cesse renouvelée de nous-mêmes est vie pour d’autres, nos enfants spirituels que nous ne connaîtrons jamais sans doute que dans la vie éternelle.

Il y a un hymne de l’office qui résume bien ma pensée : c’est la strophe 4 de « Celui que j’aime s’est approché » :

Vers la lumière, je suis montée, et j’ai brûlé mon âme,
Quand le soir survint, j’étais loin de l’atteindre,
Les chansons de mes compagnes sont l’écho de ma plainte ;
Vers la lumière, ma Bien-Aimée, tu guideras leur course,
Je viendrai vers toi au jardin de la myrrhe,
Désormais tu seras source, je serai ton eau vive.

L’âme est source pour les hommes, mais l’eau, elle la reçoit d’un Autre.

Une carmélite