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Devenir carmélite

Il faut souligner que le parcours de chaque personne est unique, plus ou moins rapide, avec une conversion forte ou tout simplement un chemin de vie chrétienne cohérent et « ordinaire ». On peut toutefois dégager quelques étapes tout en gardant une souplesse et en sachant que les chemins du Seigneur sont uniques et adaptés à l’être profond de chacun.

Au départ, on ressent un désir d’approfondir sa vie spirituelle : pratique régulière des sacrements, prière silencieuse, formation intellectuelle, engagement concret dans un service d’Eglise… Et il y a ce désir reçu dans la prière comme un appel du Seigneur à Le suivre de manière exclusive en Le préférant Lui à tout le reste. Il est le Tout qui fera mon bonheur.

Il est bon que le temps de discernement soit accompagné par une personne (prêtre ou religieuse) qui aidera à être dans la lumière du Seigneur et à avoir un recul qu’il est difficile de posséder sur soi-même.

En parallèle on commence un chemin de connaissance avec la communauté qui nous attire : visites, rencontres, séjours à l’accueil, premier stage en clôture. On est alors regardante.

Lorsque le discernement s’affine, on peut alors faire une demande pour être aspirante. En continuant sa vie étudiante ou professionnelle, on commence un chemin de connaissance plus profonde avec la communauté : stages réguliers d’une semaine, contact téléphonique ou épistolaire, long stage de plusieurs semaines. L’aspirantat dure un à deux ans.

Lorsque le discernement est confirmé vient le « grand saut » de l’entrée. Commence alors le postulat qui dure une année. La postulante vit une année complète avec les sœurs ce qui permet d’expérimenter réellement la vie de carmélite et de commencer la formation.

Au bout d’un an environ a lieu la prise d’habit qui marque le début des deux ans de noviciat où l’on continue d’expérimenter la vie du carmel dans la durée et où l’on poursuit la formation initiale. C’est un temps de discernement et d’enracinement.

Les premiers vœux (pour trois ans) sont l’étape qui marque le passage du noviciat au temps des vœux temporaires, le juniorat. C’est une première alliance entre la sœur, le Seigneur et la communauté. Elle est temporaire mais dans la perspective d’un engagement pour toujours. C’est aussi un temps de formation mais où l’on s’insère davantage dans la communauté, la sœur reçoit des responsabilités au niveau du travail et de l’implication dans les diverses charges communautaires : liturgie, cuisine… Les vœux temporaires sont renouvelés au bout de trois ans chaque année jusqu’à avoir atteint les 9 ans de formation initiale.

Les vœux définitifs ou profession solennelle sont l’engagement à vie au sein de l’ordre et de la communauté. S’ils marquent le point d’orgue du temps de discernement par la reconnaissance de l’Eglise d’une vocation particulière en son sein, ils sont surtout un point de départ pour toute une vie à vivre dans l’amitié du Seigneur. 

En effet, on devient de plus en plus carmélite tout au long de sa vie et les différentes étapes mentionnées ci-dessus ne doivent pas masquer la profonde unité d’un chemin de vie dont la relation d’amitié avec le Seigneur est le centre dynamique !

Pour aller plus loin : Cor Orans (application de la Constitution Apostolique Vultum Dei quaerere donnée par le Pape François)

La formation initiale est structurée en trois étapes consécutives : le postulat, le noviciat, et le temps de la profession temporaire ou juniorat, étapes précédées par l’aspirantat, et dans lesquelles les candidates grandissent et mûrissent jusqu’à ce qu’elles assument définitivement la vie monastique dans un Institut donné.

En gardant à l’esprit que la personne se construit très lentement, et que la formation doit être attentive à enraciner dans le cœur les sentiments du Christ envers son Père et les valeurs humaines, chrétiennes et charismatiques propres, un laps de temps suffisamment long doit être réservé à la formation initiale, pas inférieur à neuf ans ni supérieur à douze ans.

L’aspirantat est considéré comme une première connaissance du monastère par la candidate, et de la candidate par la communauté monastique, cette étape comporte une série de contacts et de temps d’expérience communautaire, même prolongés.

Le Seigneur Jésus a enseigné que quiconque entreprend une action importante doit d’abord examiner attentivement s’il a de quoi aller jusqu’au bout. Pour cette raison, celles qui pensent commencer le chemin de la vie contemplative doivent prendre le temps de réfléchir sur leur capacité réelle et faire une première vérification personnelle de l’authenticité de leur appel à la vie monastique contemplative.

Avoir de quoi aller jusqu’au bout signifie posséder des dons naturels et psychologiques, une ouverture normale aux autres, un équilibre psychique, un esprit de foi et une volonté ferme qui rendent possible le cheminement dans la vie en communauté, dans la continence, l’obéissance et la pauvreté, et en clôture.

Pendant ce temps, l’aspirante est confiée à une moniale professe solennelle afin qu’elle soit accompagnée et guidée dans son choix vocationnel.

L’aspirantat, d’une durée minimale de douze mois, peut être prolongé selon les nécessités, mais non au-delà de deux ans.

Le postulat est une étape nécessaire pour une bonne préparation au noviciat, au cours de laquelle la candidate confirme sa détermination à se convertir par un passage progressif de la vie séculière à la vie monastique contemplative.

Pendant ce temps, la postulante doit être progressivement introduite au processus d’assimilation des éléments fondamentaux de la vie monastique contemplative.

Le postulat offre une expérience plus directe et plus concrète de la vie communautaire selon un charisme spécifique.

La postulante doit être confiée à la maîtresse des novices ou à une religieuse professe solennelle qui l’aide à regarder son intériorité, qui sache discerner s’il existe un véritable appel à la vie monastique contemplative, et à qui la postulante puisse s’ouvrir en toute confiance.

La postulante, aidée de la formatrice, se consacre spécialement à sa formation humaine et spirituelle et approfondit son engagement baptismal.

Le postulat a une durée minimale de douze mois, qui peut être prolongée mais il ne doit pas dépasser deux ans.

Pendant cette période, les postulantes vivent dans le monastère et suivent la vie de la communauté selon les instructions de la formatrice et, en plus d’être aidées pour connaître leur capacité en vue de la vie monastique, elles peuvent approfondir des thèmes d’étude ou apprendre un métier, selon les besoins de la communauté.

Le noviciat est le temps où la novice commence sa vie dans un Institut donné ; elle poursuit son discernement vocationnel et approfondit sa propre décision de suivre Jésus Christ dans l’Église et dans le monde d’aujourd’hui, selon un charisme déterminé.

Le noviciat est le temps de l’épreuve, et son objectif est d’amener la candidate à prendre davantage conscience de sa vocation selon un charisme spécifique, en vérifiant sa capacité réelle et concrète de le vivre avec joie et générosité, en particulier ce qui concerne la vie fraternelle en communauté.

Le noviciat dans les monastères de moniales a une durée de deux ans.

Pendant le noviciat, la novice doit d’abord approfondir son amitié avec le Christ car sans cela, elle ne pourra jamais être capable d’assumer et de tenir les promesses de se donner à Lui, et de désirer grandir dans la connaissance du charisme qu’elle est appelée à vivre, en se posant la question de savoir si elle veut partager son existence dans une vie fraternelle en commun avec les sœurs qui forment la communauté du monastère.

La novice acquiert cela par la pratique de la lectio divina prolongée, sous la direction d’une sœur experte qui sait ouvrir son esprit à l’intelligence des Écritures, guidée par les écrits des Pères de l’Église, et les écrits et exemples de vie de leurs fondateurs. Le contact intime avec le Christ doit nécessairement conduire à une vie sacramentelle forte et à la prière personnelle, dans laquelle la novice doit être guidée et pour laquelle elle doit disposer d’un temps adéquat.

La prière personnelle trouve son expression dans la prière liturgique communautaire, à laquelle la novice doit consacrer toutes ses meilleures énergies. Dans ce climat d’amour du Christ et de prière, la novice s’ouvre aux sœurs, les aime cordialement et vit avec elles en fraternité.

La novice est guidée par la formatrice à cultiver une dévotion authentique à la Vierge Mère de Dieu, modèle et patronne de toute vie consacrée, et pour la prendre comme exemple de femme consacrée.

L’édifice spirituel ne pouvant être construit sans fondations humaines, les novices doivent donc perfectionner les dons naturels et l’éducation morale, et développer leur propre personnalité, en se sentant vraiment responsables de leur propre croissance humaine, chrétienne et charismatique.

La profession temporaire est émise pour trois ans et renouvelée annuellement jusqu’à l’accomplissement de cinq ans, jusqu’à ce qu’un minimum de neuf ans de formation initiale soit accompli (et douze ans maximum).

Le juniorat est la période de formation initiale qui va de la première profession des vœux temporaires jusqu’à la profession solennelle, et dans laquelle la professe poursuit sa formation spirituelle, doctrinale et pratique, selon le charisme et le droit propre de l’Institut.

Durant cette étape du juniorat, l’insertion dans la vie de la communauté est complète, de sorte que l’objectif est d’expérimenter la capacité de la professe temporaire à trouver son équilibre entre les différentes dimensions de la vie monastique contemplative (prière, travail, relations fraternelles, étude…), en réussissant à réaliser sa propre synthèse personnelle du charisme, et en l’incarnant dans les différentes situations de la vie quotidienne.